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Lakeburg Legacies

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Dernier jeu en date du studio Ishtar Games que l’on connaît notamment pour The Last Spell, Lakeburg Legacies est sorti le 20 juillet dernier sur Steam. Annoncé le 14 juin 2021 et étant resté dans notre radar depuis, le titre est une simulation de développement de village médiéval, où l’on gère aussi les relations amoureuses ! Un pari intéressant par rapport aux jeux de gestion classique, mais Lakeburg Legacies parvient-il à accrocher sur la longueur ?

 

 

Un système ambitieux…

 

 

Proposant d’emblée le choix de son mode de jeu, avec différents modificateurs influant sur la difficulté de l’expérience de jeu, Lakeburg Legacies nous fait incarner un personnage souhaitant repartir de zéro, créant alors son propre village et cherchant à le faire grandir et prospérer. Un tutoriel nous montre comment accueillir de nouveaux habitants, leur créer une maison, créer des bâtiments de métier et y attribuer des travailleurs, ainsi que comment marier des personnages.

 

C’est là que la partie romance commence, et le titre a pour volonté de mettre l’amour au premier plan, et ce dans tous les aspects de son système : les relations entre les villageois créent de l’amour, qui peut être ensuite utilisé en tant que ressource pour certaines actions telles que l’obtention d’un bébé pour un couple, ou encore la possibilité de renforcer une relation amoureuse.


On agrandit notre village en construisant des bâtiments et en accueillant de nouveaux habitants.

 

Qu’on se le dise de suite, le jeu prend en compte les romances de même sexe, suggérant l’adoption d’un enfant lorsque désiré. Les relations entre membres d’une même famille sont heureusement prohibées. Choisir soi-même le sexe recherché chez le ou la partenaire d’un villageois est possible, mais n’a aucun intérêt si ce n’est s’amuser à construire une société uniquement constituée d’hommes ou de femmes (ce qui serait futile vu que le sexe des enfants est défini aléatoirement).

 

L’association entre villageois se fait via l’intermédiaire d’une voyante, qui peut voir les centres d’intérêt et les avis d’un personnage sur différents sujets. En mettant ensemble deux personnages, on voit d’abord leur compatibilité en fonction des centres d’intérêt de chacun, puis on fait des choix de dialogue au cours d’un mini-jeu simulant trois rendez-vous romantiques, dont les réponses doivent coller aux avis des prétendants pour donner une relation amoureuse durable.


La recherche de partenaires amoureux se fait via un système de centres d’intérêts communs.

 

A cela s’ajoute évidemment la gestion du village, où l’on répartit nos habitants dans des maisons, des métiers, et où l’on cherche à développer le bourg en construisant de nouveaux bâtiments parmi une liste dont l’ordre de déverrouillage est prédéfini. Certains bâtiments viennent ajouter des bonus ou malus des facteurs tels que le moral des habitants, ou la sécurité du village. On gère alors nos ressources, grandissantes au fil des bâtiments débloqués, et les relations et nouveaux mariages à organiser, puisque les villageois finissent irrémédiablement par passer de vie à trépas. Un cocktail, qui, sur le long terme, peut s’avérer épuisant.

 

 

…mais au gameplay fastidieux et à la réalisation bancale.

 

 

Car dans Lakeburg Legacies, la boucle de gameplay est assez simple, et laisse trop peu de place à l’aléatoire. Quand un villageois meurt, on se dépêche de remarier son ancien partenaire de vie, en refaisant le sempiternel jeu relationnel de la voyante. Or, il arrive fréquemment qu’une poignée de villageois meurent peu de temps les uns après les autres, ce qui est autant de mariages à organiser à chaque fois ! On attribue ensuite les nouveaux-venus dans les bâtiments de travail, si tant est qu’il en reste à remplir. Les enfants sont aussi étrangement gérés : dès leurs dix-huit ans atteints, on doit leur construire une maison manuellement, sinon ils se retrouvent à la rue.


Une fois les prétendants choisis, on doit se rappeler de leurs centres d’intérêts et adapter notre discours…

 

Sur des parties demandant de gérer un village 30, 75 ou 100 ans, l’ensemble devient vite fastidieux, tant la répétitivité se fait sentir. D’autant que le rythme peut vite devenir éreintant si l’on souhaite progresser : ces parties sont tout autant de runs où notre seul objectif est de tenir pendant le nombre d’années défini, et générer un maximum de prestige. Ce prestige est, en fin de run, convertit en une ressource permettant de débloquer des artworks dans la galerie du jeu…et c’est tout. D’autant que le maximum déblocable de cette ressource finale est plafonné à chaque run, en fonction de trois paliers de prestige, rendant le surplus de prestige… inutile.

 

Là où Lakeburg Legacies a du mal à fonctionner sur la durée, c’est sur des possibilités dites de « quality of life », qui rendrait l’expérience de jeu plus fluide. Rendre la construction de maison automatique dès qu’on a suffisamment de bois par exemple, et y attribuer automatiquement un des sans-abri du village, permettrait de soulager un peu le joueur. De la même façon, après une quinzaine de réussite sur le mini-jeu de romance, il aurait été de bon ton de pouvoir, en l’échange de ressources amoureuses par exemple, pouvoir s’en exempter.


Le prestige gagné se convertit en monnaie spéciale en fin de run, définissant comme seul objectif la complétion de la galerie.

 

Par ailleurs, les différentes mécaniques peuvent vite être sources de questionnement une fois qu’on y réfléchit : il n’y a par exemple aucun équilibrage sur le système de romance, qui prioriserait par exemple les sujets importants chez les personnages. En l’état, aimer ou détester les bonbons est aussi important qu’être en accord ou pas sur les exécutions publiques. Il est impossible d’avoir plus de cinq travailleurs pour un même bâtiment, et ces bâtiments étant unique, on produit peu de pierre alors que c’est une des ressources les plus utiles tout au long du jeu.

 

 

Quand la complexité tue l’identité

 

 

Le piège dans lequel Lakeburg Legacies a eu le malheur de tomber est celui de la complexité, lorgnant le perfectionnisme mais résultant en quelque chose de peu lisible, et surtout de peu utile en termes de game-design. Concrètement, le jeu croule sous de nombreux menus, attribuant différents traits de personnalité aux habitants, certains évoluant en fonction de leurs rencontres avec les autres villageois, et parfois au cours d’évènements aléatoires –bien trop rares.


Chaque bâtiment peut être amélioré, et on y place des travailleurs plus ou moins doués, pouvant mentorer des enfants.

 

Ainsi, si le jeu lorgnait du côté de la gestion au niveau micro, c’est-à-dire en se focalisant sur les villageois et la vie du village, le résultat en est tout autre. On se retrouve à ne prêter attention qu’à l’aspect macro de la gestion, les villageois ne devenant qu’un amas de différentes statistiques, qu’il faut perpétuellement s’empresser de remplacer, optimiser, sans jamais voir le village en être particulièrement affecté, et sans avoir le plaisir de voir l’évolution de ces habitants, comme attendu.

 

Hormis en mettant pause continuellement, on ne voit pas lorsqu’un couple commence à battre de l’aile, ou lorsqu’un autre décide d’avoir un enfant et nécessiterait une chambre en plus dans leur maison. On peut provoquer des rencontres entre des habitants spécifiques, mais cette option est tellement cachée qu’on ne la remarquera pas de suite, et la ressource d’amour nécessaire à la manipulation des relations coûte vite bien trop cher pour être investie là-dedans.


On peut trouver toutes sortes d’informations sur les personnages, mais elles s’avèrent peu utiles…

 

Cet ensemble de faux-pas et de contradictions rend Lakeburg Legacies trop éloigné de sa promesse de jeu détente, où l’on prend soin de ses personnages en les voyant évoluer. Passé le plaisir de la découverte et après les six à huit heures que nécessitent une run réussie, et avec un peu de recul, il est difficile de revenir sur le jeu dans le seul objectif de compléter la galerie d’artworks. Les succès du jeu sont intéressants à réaliser, mais se relancer dans la construction dirigiste d’un village où tout va trop vite s’avère peu engageant.

 

Restera alors les souvenirs de cette magnifique direction artistique, où bande-son et style graphique vont de pair pour créer cet univers d’apparence doux et serein. La palette de couleurs froides et chatoyantes est idéale. Les quelques musiques parviennent à ne jamais lasser, et Alexandre Bobe signe ici une très belle OST chez G4F Records.


Les évènements aléatoires se font trop rares, et leur impact est malheureusement négligable.

  • JOUABILITÉ

    12

    Avec trop de complexité et de menus trop fournis, Lakeburg Legacies manque le coche et passe à côté de l’expérience micro qu’il semblait suggérer. De plus, de nombreuses options de qualité de vie semblent possibles, le jeu étant, en l’état, plutôt fastidieux sur le long terme.

  • GRAPHISMES

    18

    Visuellement, Lakeburg Legacies est délicieux. Sa palette de couleurs douces et chatoyantes sont un régal pour les rétines.

  • BANDE SON

    14

    La bande son signée Alexandre Bobe est très belle, et même si elle comporte peu de pistes, celles-ci parviennent à ne jamais lasser.

  • DURÉE DE VIE

    13

    Il vous faudra compter environ six heures pour une première partie réussie. Malheureusement, cette durée de run est à double tranchant : soit vous ne vous sentirez pas affecté par les problèmes de rythme du jeu et y reviendrez alors sans problème, soit la répétitivité du soft bloquera en vous l’envie de repartir de zéro dans cette aventure de gestion.

  • SCÉNARIO

    4

    Pas vraiment de scénario ici, mais on peut reprocher aux différents évènements narratifs de n’occuper qu’une place infime et négligeable de l’expérience de jeu. De même, le sens donné aux éléments de background dans le système de romance est par exemple assez questionnable.

  • Points positifs

    • Une très belle OST
    • Visuellement magnifique
    • Un concept initial intéressant...
  • Points négatifs

    • ...mais trop répétitif, à un rythme effréné et fastidieux
    • Ne réussit pas à proposer une expérience convenable au niveau micro
    • Trop linéaire : il est difficile d’y revenir une fois la première longue run réussie

Conclusion

A première vue délicieux, par ses visuels enchanteurs et sa bande son de qualité, Lakeburg Legacies se révèle au final être une simulation de gestion de village tendant vers le macro, lorgnant sans réussite vers le micro avec ses villageois semblables à des amas de menus et de statistiques ayant au final peu d’importance. Amenant à un rythme effréné et fastidieux, ce ne sont malheureusement pas les objectifs du jeu qui suffiront à vouloir prolonger longuement l’expérience. C’est dommage, et ça nous brise le cœur, mais selon nous, Lakeburg Legacies a du mal à satisfaire et retenir le joueur sur la longueur.

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