C’est le 29 mai 2024 lors de l’AG French Direct que Caravan Sandwitch a été dévoilé au monde. Premier jeu du studio Plane Toast, le titre est édité par Dear Villagers, et est finalement sorti le 12 septembre sur PC, PS5 et Nintendo Switch. Attirant immédiatement l’œil de par sa direction artistique, ce jeu développé par une équipe d’un peu moins de vingt personnes promettait, via son trailer, un jeu d’exploration à l’ambiance singulière… Alors, promesse tenue ? Que nous vaut ce mystérieux Caravan Sandwitch ?
Le calme pendant la tempête
La mise en situation de Caravan Sandwitch est particulièrement intéressante. On y incarne Sauge, une jeune femme vivant sur une station spatiale depuis six ans : elle a en effet quitté sa planète natale, Cigalo, après la disparition de sa sœur Garance. Mais voilà que ces six années après, Sauge reçoit un signal d’urgence émit par le vaisseau de Garance. Portée par l’espoir de retrouver sa trace, elle retourne donc sur Cigalo, où elle va retrouver quelques-unes des personnes de son enfance, incluant ses anciens amis mais aussi son père…
Cigalo est une planète désertique : autrefois terraformée et exploitée par le Consortium, un accident survenu une quarantaine d’années a entraîné l’abandon de la planète par la corporation, y laissant une tempête magnétique perpétuelle, conséquence de l’incident et raison de leur retrait. Le Consortium n’assure plus que des livraisons de produits synthétiques à la planète, impliquant une quasi dépendance des quelques habitants à l’accès à ces produits.
La tempête perpétuelle est aussi menaçante que somptueuse et apaisante : un vrai spectacle de tous les instants.
C’est par ce prisme que Caravan Sandwitch est un jeu engagé : le jeu porte un message anticapitaliste et écologique prononcé, notamment à travers des dialogues portant sur l’exploitation des ressources de la planète par le Consortium, et le statut libre de la planète induit par la présence de la tempête. De plus, le casting restreint de personnages que porte le jeu –on compte une quinzaine de personnages à rencontrer- fait la part belle à une diversité qu’on ne peut que saluer.
Si l’introduction du jeu nous familiarise avec la prise en main du van et la recherche de brouilleurs à désactiver afin de remettre en service le réseau social local, Sauge se retrouve très vite sollicitée pour de petites quêtes qui permettent de rencontrer l’ensemble des personnages, et parcourir la map en van.
Le retour de Sauge sur Cigalo est fêté en bonne et due forme, et le tout s’organise sur Toaster, le réseau social local !
On voyage ainsi dans les calanques le temps d’une recherche de composants, ou le temps d’une discussion avec un ami retrouvé. Ici, pas de combat, pas de mort, pas de chronomètre, pas de dégâts de chute : le titre se veut contemplatif, et porté sur l’entraide au sein d’une communauté. En résulte une ambiance mélangeant optimisme et mélancolie, où le poids d’un vieil accident pèse sur le futur de la planète, toujours observable au loin, mais sans jamais être oppressant.
Au contraire, observer cette lointaine tempête est splendide, et parfois apaisant, en témoignent les nombreux simili-campements que l’on trouve ça et là sur des points en hauteur, idéaux pour se perdre dans l’horizon, et faire son introspection. Trouver les réponses à ses propres conflits intérieurs, mettre des mots sur ce que signifie faire partie d’une communauté et d’un tout, identifier comment protéger l’endroit où on se sent chez soi mais aussi ceux que l’on aime… Caravan Sandwitch parvient à nous happer complètement dans son univers, auprès de ses personnages et ses environnements désolés, et nous invite à, nous aussi, faire une pause, et pourquoi pas un peu d’introspection.
Seul élément extérieur à tout ça, l’ombre inquiétante d’une sorcière des sables semble planer sur nos déplacements sans que l’on n’en comprenne initialement les motivations…
Une silhouette menaçante semble vous observer…
Le van, personnification de l’exploration
Explorer les environnements de Caravan Sandwitch pourrait se faire à pieds pour qui aurait trop de temps, mais il est bien évidemment plus viable de compter sur le meilleur ami de Sauge au sein de cette aventure : le van ! C’est en effet le seul véhicule encore en état de rouler sur Cigalo, et c’est grâce à lui que vous pourrez engloutir les distances comme personne, explorant anciens bâtiments et ruines au fil de vos quêtes.
Si l’on peut très vite explorer la plupart de la map avec le van, la progression s’effectue en fait de façon très linéaire, puisqu’il faudra régulièrement réunir suffisamment de composants de plus ou moins bonne qualité afin d’améliorer votre van et ainsi débloquer de quoi parcourir des lieux jusque-là inaccessibles. Crafter le grappin permettra ainsi d’accrocher des parois fragiles afin de les dégager avec votre véhicule, ouvrant de nouvelles voies.
Le van est au centre de l’aventure, mais il faudra commencer par le retaper !
Et lorsque vous prendra l’envie de partir à pieds explorer un agglomérat de bâtiments, vous menant petit à petit bien loin de votre van, pas de souci à se faire : un simple bouton vous permet de rejoindre instantanément le véhicule, vous laissant reprendre la route sans coupure. Cette feature à première vue anecdotique s’avère en réalité bien pratique, et permet au jeu d’avoir un très bon rythme, où le joueur peut se perdre dans des endroits qu’il n’est pas encore en capacité de pleinement explorer sans que cela ne devienne fastidieux.
De plus, si par malheur vous venez à coincer votre van dans le décor, ou en atterrissant à l’envers après un décollage via un tremplin ou en plongeant d’une falaise un peu trop haute, il vous sera possible de vous téléporter au village et de reprendre votre route sans pénalité.
Enfin, au fil des quêtes annexes, de petits ornements décoratifs viendront s’ajouter sur le van, qui deviendra alors une véritable vitrine de vos souvenirs sur Cigalo. De quoi finir de rendre ce véhicule attachant : qu’il s’agisse des distances parcourues avec, des discussions dont il sera témoin, ou du doux vrombissement de son moteur, le van sera toujours présent pour vous, et sera de fait votre meilleur soutien tout au long de l’aventure.
Le grappin permet d’agripper des objets, qu’il s’agisse d’obstacles à retirer, ou de coffres au trésor à dévoiler…
Un souvenir impérissable
Caravan Sandwitch est un jeu qui nous imprègne, et où on laisse un petit morceau de soi. La direction artistique, mélangeant personnages aux couleurs chaudes dans des environnements aux palettes ternes, marque de suite l’esprit en rendant le titre immédiatement identifiable. Tournant sur l’Unreal Engine, le jeu mériterait quelques optimisations, mais tourne plutôt bien sans devoir faire de grandes concessions graphiques, ce que la direction artistique permet de toute façon sans que l’on ait l’impression d’en pâtir.
Avec presque une dizaine d’heures pour voir tout ce que le titre a à proposer, succès inclus, on ne voit pas les heures passer alors que l’on approfondit les liens avec la communauté de Cigalo. Le jeu est divisé en plusieurs chapitres, et a la sympathie de nous prévenir s’il reste des quêtes à durée limitée à compléter avant de passer au chapitre suivant, ne nous prenant ainsi jamais au dépourvu. La fin du jeu est d’ailleurs un poil abrupte, surtout quand on la met en perspective avec notre envie de rester plus longtemps sur Cigalo : un épilogue aurait été le bienvenu.
Le jeu vous indique s’il y a des quêtes à durée limitée avant de vous laisser valider le changement de chapitre.
Le casting de personnages, aussi spectateurs que nous quant à la condition de la planète, se montre particulièrement bien écrit, avec suffisamment de profondeur pour refléter la douce mélancolie que l’on ressent sur Cigalo une fois au fait des évènements qui s’y sont passés. Il est dommage en revanche que la musique soit autant en retrait dans Caravan Sandwitch : si l’intro et la fin du jeu proposent un thème principal, « Pensée dérobée », chantée par Antynomy, le reste du jeu est très calme, ne laissant que des bruitages d’ambiance ponctuer vos déplacements –impossible ici de ne pas évoquer les iconiques bruits de cigales ! C’est peu, d’autant que l’on aurait pu imaginer avoir une radio à disposition dans notre van, au fil de la destruction des brouilleurs.
Enfin, un ensemble d’options d’accessibilité sont proposés dans les options du titre, allant de la possibilité de modifier la taille de l’interface, à un mode anti-nausée agrandissant l’angle de vue avec une caméra plus stable, en passant par la possibilité d’activer un radar révélant la position d’objets proches avec des indices visuels et sonores.
La cave des Reinetos est somptueuse.
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