Plus attendu que le messie par tous les fans de Beat'em All, un nouveau monument de Blizzard refait surface cette année pour le plus grand bonheur des fans de tueries sanguinaires, de persos cheatés et de background infernal glauque et oppressant... ou pas!
Et tous le reconnaitront car c'est un nombre humain. Le nombre est... celui de votre compte en banque
Autant vous le dire tout de suite, on est loin du chef d’œuvre auquel on était en droit de s'attendre. Succéder à Diablo 2 n'est certes pas chose aisée mais à ce point là, on se demande si Blizzard ne voulait pas enterrer la franchise. Mieux aurait peut-être valu que la Boite de Pandore ne soit pas ouverte car la déception est à la hauteur de l'attente, des espérances, et de l'influence de ses ainés sur deux générations de joueur. Tout d'abord qu'en est-il de l'histoire? Il ne s'agit clairement pas du point le plus important de la série mais concrètement, vous ne vous en soucierez pas pendant vos multiples runs du jeu (oui une fois que vous l'avez acheté vous vous sentez bien obligés d'upper votre personnage pour profiter pleinement de l'expérience). La trilogie trouve ici une fin morne et sans intérêt, marquée de quelques cinématiques trop rares car de fort bonne qualité. En dehors de ces séquences en images de synthèses de quelques secondes, vous n'aurez le droit qu'à des dialogues creux et sans âmes et à des simulacres de mise en scène utilisant le moteur du jeu pour un résultat pathétique. Vous me trouverez peut-être un peu dur mais lorsque l'acte 1 nous propose la mort d'un personnage emblématique de la série sous la forme d'un dialogue insipide et d'une animation de combat, il y a de quoi pleurer des larmes de sang. Avec toute la meilleur volonté du monde, je n'ai absolument pas accroché à l'histoire et ai fini par l'ignorer complètement pour me pencher sur le gameplay et quand on sait à quel point je suis passionné de scénario, ça en dit long sur la médiocrité du tout, qui peut se résumer en quelques lignes. Au cours de chaque acte, on a l'impression de suivre un journal de quête de MMORPG, farmant les ennemis et objets de quête jusqu'à tomber sur un boss absolument pas introduit et parfois étrangement justifié. Sur le plan de l'ambiance, ne vous attendez pas à arpenter des sous-terrains sinistres et suintant de puanteur et de l'odeur de la mort. Dans Diablo 3, les catacombes ressemblent plus à de simples caves d'immeuble et le désert à une journée à la plage. Artistiquement c'est beau mais on perd la saveur des anciens volets avec des environnements beaucoup trop chaleureux et colorés pour être crédibles dans cette atmosphère de fin du monde à laquelle on essaie de vous faire croire sans conviction. Le voice acting n'est pas de mauvaise qualité, mais n'est pas transcendant non plus. Les personnages n'ont aucun background et le seul qui en ait un ne parvient pas à vous le faire ressentir. Diablo 3 ne doit pas être considéré comme un Beat'em All solo. Voyez-le plutôt comme une succession de maps sur lesquelles vous affronterez des hordes d'ennemis. Au-delà de ça, on ne rentre ni dans l'ambiance ni dans l'histoire.
Un build pour les trouver tous et dans les ténèbres les lier
Maintenant que nous avons mis ce simulacre de côté, penchons-nous sur le cœur du jeu, son gameplay. Commençons donc par la construction du personnage. A la création du perso, vous aurez le choix entre 5 classes, le Demon Hunter, le Barbare, le Moine, le Magicien et le Féticheur. Chaque classe a sa spécialité, Tank pour le Barbare et le Moine, DPS pour le Demon Hunter et le Magicien. Bien sûr, il sera toujours possible de faire un Barbare ou un Moine DPS (n’essayez pas de tanker avec un DH, ça ne marche pas) mais ils seront toujours en manque de puissance par rapport aux classes destinées à ce rôle. A ce propos, les classes ne sont absolument pas balance, si bien qu'à l'époque où j'ai acheté le jeu (il y a 3 mois), le DH était totalement abusé en terme de DPS, ce qui rend la notion de choix des classes un peu bancale. Mais ne soyons pas mauvaise langue, les classes sont toutes jouables, disposent de caractéristiques bien différentes, même si certaines se recoupent, et ont besoin d'équipement différent puisque le DH a besoin de Dextérité et le Barbare de Force. A chaque passage de niveau, vos stats augmentent bien sûr. Mais dès lors ce qu'on peut regretter c'est que les points soient distribués automatiquement, suivant l'archétype de votre classe. Il aurait été préférable de laisser aux joueurs la possibilité de répartir eux-même leurs points dans les caractéristiques qu'ils désiraient augmenter au maximum, à l'instar de Diablo premier du nom, pour une plus grande flexibilité et personnalisation. Mais là n'est pas la plus grande faille du jeu. Le plus gros problème, là où réside le mal, ce qui me fait dire que le jeu a été casualisé à l'extrême pour les noobs et a été pensé dans une logique de rentabilité plus que de qualité, c'est dans la gestion des compétences. Au fur et à mesure des niveaux, votre personnage débloque de nouvelles aptitudes ou pouvoirs, actifs ou passifs. Ils se débloquent automatiquement lorsque vous atteignez un certain pallier mais vous ne pouvez pas tous les utiliser en même temps. Vous pourrez attribuer une capacité à votre clic droit, une à votre clic gauche, une à chacune des 4 premières touches numériques et 3 compétences passives. Chacune de ces aptitudes débloquera au fur et à mesure des runes qu'il vous fera choisir pour ajouter des effets spéciaux à vos attaques (dégats de zone, crowd control, etc...). Quel est le problème? me demanderez-vous. Et bien, ce choix de compétences peut être défait à tout moment. A tout instant, vous pouvez changer vos pouvoirs et runes pour transformer votre fidèle Tank en un dangereux DPS. Ainsi, il n'est pas possible de rater son personnage comme dans Diablo 2, père de l'arbre des compétences désormais utilisé dans la plupart des gros titres RPG mais délaissé ici pour ce système casu. Choisir les mauvaises compétences n'est pas du tout grave puisqu'en quelques clics, vous pouvez changer votre archétype du tout au tout, transformant votre personnage en la plus grosse masse de pâte à modeler qui ait jamais foulé notre beau paysage vidéoludique. Dès lors, tous les personnages d'une même classe se retrouveront avec les mêmes pouvoirs. Et c'est sans compter sur le caractère absolument abusé de certains pouvoirs qui, associé avec l'absence de customisation de l'apparence du personnage, contribuera à une uniformisation méprisable et qui devrait être fuie par tout fan de RPG digne de ce nom. Dès lors, seul l'équipement permettra de vous démarquer des autres. Et l'équipement, c'est une autre histoire encore.
Go back to hell until you are complete again
L'équipement, le ressort de tous les Beat'em All qui se réclament de la descendance de Diablo premier du nom. Il n'est que justice qu'il tienne ici un rôle capital. C'est en effet par lui que vous vous transformerez en véritable machine de guerre. Vous disposez d'une dizaine d'emplacements pour ces équipements de mort. Ils se décomposent en trois catégories. Les blancs, normaux, seront inévitablement laissés sur place car absolument non intéressants. Les bleus, magiques, seront votre voie vers le sommet. Ils se revendent en effet à des sommes intéressantes (rentables quant à la place qu'ils occupent dans votre inventaire divisé en carré comme dans la majorité des Beat'em All) et offrent des caractéristiques acceptables. La plupart disposent d'effets bonus, comme une augmentation de l'expérience gagnée et de la probabilité de trouver des objets magiques. Enfin, les jaunes, rares, sont en général droppés par des monstres plus imposants. Une fois analysés, vous pourrez les porter et les revendre pour des sommes plus importantes que les bleus. Certains sont en outre dotés de châsses dans lesquelles vous pourrez fixer des gemmes qui offrent des bonus considérables, que ce soit pour les dégats ou pour les bonus d'expérience. Évidemment, la quête du stuff ultime conduira votre aventure et sera le principal moteur qui vous permettra de rester plusieurs dizaines ou centaines d'heures sur ce jeu. Le niveau 60 s'atteint en effet très rapidement et après cela, il ne vous reste plus que cette quête de la perfection. Mais attention! Dropper des objets sur des mobs c'est bien gentil. Mais vous vous rendrez très vite compte que ça ne suffit pas. Vous atteindrez bien vite la limite de ces objets droppés et pour accéder à des niveaux plus élevés de DPS ou de Tanking, il faudra trouver une autre voie. Bien sûr, vous pouvez toujours booster votre taux de drop des objets magiques et espérer tomber sur la perle rare au grès de vos pérégrinations. Mais ce n'est pas ce que vous ferez, fainéant que vous êtes. Non, vous ferez comme tous les autres, vous vous tournerez vers l'Autel des Ventes, où les développeurs, des joueurs plus chevronnés ou des asiatiques forcés à farmer non-stop pendant des heures mettront à votre disposition des articles bien au-dessus de vos maigres possessions. Bien sûr, tout ceci n'est pas gratuit et vous vous retrouverez rapidement face à des objets dépassant allègrement le million de pièces d'or. Autant vous dire qu'il vous faudra écumer les donjons, trouver le plus rentable et le farmer en boucle pour faire monter votre petite cagnotte et espérer pouvoir vous payer ces choses. Et c'est là que le système vicieux de Blizzard se dévoile. Lorsqu'au bout d'heures et d'heures de combats répétitifs et abrutissant (nous verrons ce point plus tard), pour accumuler vos précieux deniers, vous vous rendrez compte que votre arme est déjà obsolète et qu'il vous faut recommencer pour en obtenir une bien plus forte, exténué et dégouté, vous vous tournerez vers la deuxième face de l'Autel de Vente, celle qui implique de l'argent réel. Et là autant vous dire que si vous voulez vous stuffer convenablement, il va falloir songer à faire une croix sur les cadeaux d'anniversaire des cousins. Plus vous dépenserez plus vous sentirez le besoin de dépenser. Ne croyez pas que cette feature soit innocente. C'est toute l'essence du jeu que l'on voit enfin se profiler devant nous. Diablo 3 n'est rien d'autre qu'un système qui doit vous mener à terme dans un cercle de dépenses. Alors certes, vous serez bien équipés pour le mode Inferno qui est loin d'être facile (il faut bien reconnaître à Diablo 3 que sa difficulté est à la hauteur des attentes des joueurs qui auront écumé les premiers opus), mais où est le plaisir là-dedans? Le jeu vidéo n'est-il que la quête de la suprématie sur l'autre ?
Alors que je marche dans la vallée de la mort, je ne crains aucun mal, car aucun mal fatal ne me sera fait
Enfin, après toutes ces élucubrations, nous pencherons-nous enfin sur le jeu en lui-même? Bien sûr de ce pas! Le jeu se décompose en 4 actes, chacun se déroulant dans un environnement différent. On pourra alors admirer le travail de l'équipe artistique, qui est certainement la plus concernée par l'intérêt des joueurs de l'ensemble du studio. Les environnements sont magnifiques même si, comme je vous l'ai déjà dit, on pourra regretter les teintes sombres et oppressantes des premiers volets. Le bestiaire est fourni et diversifié et si les graphismes et l’animation paraissent parfois datés, l'aspect plastique est un bon point pour Diablo 3. Ce qui ne l'est pas par contre c'est tout ce qui va derrière. Concrètement, pendant toutes vos heures de jeu, vous n'allez faire que du bash continu de mobs. Alors d'accord, c'est le genre qui veut ça, mais ici la tare est poussée à son paroxysme. Les modes de difficultés se débloquent au fur et à mesure et les ennemis seront de plus en plus coriaces. Le jeu évolue ainsi par micro-reward. Vous allez évoluer petit à petit, de sorte à être tout juste assez fort pour vous en tirer mais vous ne serez pas véritablement mis en danger. Il n'arrivera pas de moment où vous vous retrouverez bloqué par un boss impossible. A force de persistance, vous passerez toutes ces embûches. Le système est fait de sorte que vous ne soyez jamais frustrés mais que vous n'accédiez jamais à un certain sentiment d'accomplissement qu'aurait pu éveiller en vous une épreuve plus ardue. Ce manque de challenge vous pousse à progresser encore et encore pour trouver un défi à votre hauteur. Et c'est ainsi que vous égrainerez les heures de jeu, à bourriner votre souris et à aligner les ennemis. Mais ne vous attendez pas à ressentir l'extase du gamer en jouant à ce jeu. Vous êtes ramenés à un travail à la chaîne, abrutissant et aliénant, mais addictif à la fois. Si bien que vous passerez vos journées à vous emmerder sur ce jeu. Les choses s'éclaircissent un peu lorsque vous jouez à plusieurs, puisque au moins vous pouvez profiter de quelques bons moments entre potes, mais vous auriez tout aussi bien pu les partager devant un Mario Kart ou un Mortal Kombat. Au-delà de ça le plaisir aura bien du mal à se frayer un chemin jusqu'à vous, même si l'illusion demeure toujours que vous accédez à un niveau de jeu supérieur. Mais non, c'est juste votre équipement qui fait cette impression. Enfin, pour clore ce test, on pourra s'indigner que la connexion à internet soit nécessaire à tout moment, même pour jouer en solo. Quand Starcraft 2, jeu résolument tourné vers le multijoueur nous permet de joueur en solo
en mode hors ligne, on se demande bien pourquoi on ne peut pas le faire sur Diablo 3 qui n'est pas tellement porté sur le multi. C'est simple. Ainsi Blizzard garde les logs de vos parties et peut modifier le jeu pour être certain que vous ne vous échappiez pas des sentiers battus. Les joueurs ont trouvé une run qui leur permet de farmer des objets dix fois plus vite? Interdisez de relancer la même carte dans un délai de 5 minutes et vous diminuez leur rendement par dix. C'est bien triste mais Diablo 3 n'est pas un jeu, c'est un exercice de comptabilité. Le futur du jeu vidéo, un jeu créé par des banquiers pour des travailleurs à la chaîne.
Commentaires (12)
13:51
merci pour le test.
Ouch la note finale !!!
10:02
11:01
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Le support c'est PC
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Perso, j'ai aimé les premières heures, mais en montant de niveau, on s'aperçoit vraiment que c'est limité :/ On ne peut même pas distribuer ses points XD
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12:31
22:29
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Je suis beaucoup plus nuancé que le test. Diablo 3 n'est pas un mauvais jeu en soit. Il a juste déçu les afficionados de diablo 2, qui s'attendait certainement de voir un jeu poussant le genre au delà des limites du réel. Faire plus fort que le messie.
Malheureusement, le genre Diablo 3 s'est pris une bonne dizaine d'année dans sa figure, et subi aujourd'hui les revers des jeux old school remastérisé à la sauce new generation.
Diablo 3 est par contre incontestablement trop court à terminer.
11:08