Depuis qu'Apple a ouvert la voie en 2007, tout le monde s'est mis à y aller de son Store : App World pour les Blackberry, Samsung Apps pour Android, sans oublier le Market de Google et le reste de la déjà longue liste de photocopies de l'iTunes Store. Et chez Sony, ça donne quoi ?

Inutile de faire durer le suspense : le PS Store sur Vita est une farce. Pas l'ombre d'une capture d'écran et des descriptions de jeu à peine plus longues que des haïkus, on dirait que le paquet a été mis afin de décourager même les plus grosses envies de shopping. Vous avez décidé de faire chauffer la carte bleue ce soir ? Prenez-vous un iPad 3 ou une Galaxy Tab et oubliez Sony.

Méchanceté gratuite de ma part ? Vieille rancune pour avoir mis fin à l'expérience Aibo ? Nope. Je suis juste objectif (et un peu caustique). Franchement, le client, on peut s'en moquer après qu'il ait payé, pas avant. Pour vendre, il faut faire rêver un minimum, laisser voir un peu du produit et donner les informations dont le joueur a besoin pour savoir si le jeu est fait pour lui ou pas. Amis gamers, sachez que vous devrez vous contenter de ça :

Samurai Shodown sur le PS Store

Titre (on salue l'effort), prix, bouton d'achat et une poignée d'avis, voilà où nous en sommes rendus. On ne pourra pas les accuser d'être bavards.

Bon, je dois avouer une chose : j'ai un peu forcé le trait ; les plus observateurs auront remarqué que j'ai choisi un jeu PSP comme exemple et ce n'est pas sans raison. On peut même dire que je vous ai pipoté. Mais ne faites pas semblant d'être surpris, on vous a dit et répété de ne jamais faire confiance à un plus de 30 ans.

Si j'avais été complètement honnête, je vous aurais dit que les titres propres à la PS Vita disposent effectivement de captures d'écran et d'une description honorable. Il y a même des versions démo téléchargeables gratuitement. Reconnaissez cependant que ça aurait été moins drôle et que vous n'auriez pas lu. Si si.

Le catalogue de jeux créés spécifiquement pour la Vita n'est pour le moment pas bien épais et la plupart des titres ne m'inspirent guère qu'un ennui appuyé. Pour un vioque comme moi qui a fait ses débuts sur la NES aux alentours de 1990, un EA SPORTS FIFA Football vendu à 50€ ou un RIDGE RACER sont à peu près aussi excitants qu'un François Hollande en bikini (et si cette vision vous fait saliver, incinérez-vous d'urgence).

La NES : une grosse boîte pleine de gros pixels

La relative pauvreté de la ludothèque vous poussera probablement bien vite à chercher votre dose ailleurs, ce qui vous mènera droit à la section PSP. D'où ma petite sortie, mon petit coup de gueule, ma petite colère. Sans rire, ils auraient pu enfermer quelques stagiaires et leur faire scanner les pochettes des jeux. Et qu'on ne me parle même pas des "minis", l'équivalent du WiiWare, car entre un ARCADE ESSENTIALS ne comportant pas la moindre indication quant aux jeux inclus et un MOTS CROISES, il faut être au bord du gouffre pour tremper là-dedans. On est sur la PS Vita, vendue 250€, on veut du lourd, du brutal, de la HD qui éclabousse. On n'est pas sur Wii, que diable !

Le PS Store est à l'image de la Vita : encore tout jeune. Les choses s'amélioreront certainement et je ne doute pas une seconde que la console se révélera avoir été un grand succès. Néanmoins, j'aurais bien voulu avoir le top du top dès le départ, sentir que Sony a mis le paquet. Un grand nom se doit de briller afin de garder son aura, s'endormir sur ses lauriers ou se contenter de quelque chose de tout juste OK quand on est censé être une référence finit par être fatal (voyez ce qui est arrivé à Commodore et Atari).

Pour ceux qui, comme moi, se trouveraient dans l'impossibilité de télécharger un jeu après l'achat, contactez la hotline au 0 820 31 32 33 entre 10h30 et 19h30 ; les techniciens sont efficaces et la situation est vite débloquée :

Je voulais jouer à Fighting Fantasy

S'il serait abusif de dire que Sony a mal travaillé, je considère malgré tout qu'on était en droit de s'attendre à du quasi parfait. Nous ne sommes plus en 2007, mais dans l'ère post-iPhone où la concurrence est rude. Il va falloir lutter sec et trouver un moyen de toucher la corde sensible des différentes catégories de joueurs. En ce qui me concerne, ni le casual, ni le blockbuster ne justifient un dégainage de carte bleue, un catalogue en béton armé truffé au mythe va très très vite devenir indispensable.