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Le crowdfunding

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Bonjour à tous et bienvenue pour une nouvelle Réflexion vidéoludique !

Et oui, cela fait longtemps. Mais bon, je me suis décidé à reprendre la plume, à un rythme plus ou moins régulier. Mais nous ne sommes pas là pour ça, rentrons dans le cœur du sujet d’aujourd’hui : le crowdfunding. Depuis quelques années maintenant, c’est un mode de financement alternatif qui séduit de plus en plus d’entrepreneurs, que ce soit dans le jeu vidéo bien sûr, mais aussi dans le domaine de l’art, du théâtre, de la nourriture, ou de la technologie.
Le site de crowdfunding le plus connu est Kickstarter, mais bien d’autres sites existent. Mais concentrons-nous sur Kickstarter. Des dizaines de projets de crowdfunding sont créés chaque jour, laissant penser que le crowdfunding peut se poser en véritable alternative au financement traditionnel (pour les jeux vidéo, les éditeurs). Mais on va voir que la vérité n’est pas si rose que ça (désolé si cette phrase sonne comme un reportage anxiogène de la télé), et que cette pratique restera probablement à jamais marginale.

Déjà, le crowdfunding, kékécé ?

Le crowdfunding, ou financement participatif, est un mode de financement où les clients paient un produit directement au fabriquant/créateur, avant même que ce produit ne soit construit/terminé.
Généralement, le créateur dispose d’un prototype, et se sert de l’argent récolté par les dons pour financer la production de masse (ou la suite du développement).
Les clients (les « backers ») peuvent choisir combien d’argent ils vont payer, et peuvent choisir des contreparties en fonction du montant (les « pledges »). Cela peut aller d’un simple mail de remerciement pour 1 euro, à un diner avec l’équipe de développement pour 10 000 euros (c’est le créateur qui décide des contreparties).

Chaque campagne de financement a un objectif financier fixé par le créateur. S’il n’est pas atteint avant la fin de la campagne, les cartes bancaires des « backers » ne sont pas créditées et le créateur ne perçoit rien.

Il faut enfin rappeler que Kickstarter n’est pas un magasin. On donne de l’argent à un créateur parce qu’on croit en son idée, et sur une base de confiance. C’est un pari sur l’avenir.

 

En quoi le crowdfunding change la donne

Jusqu’à il y a quelques années, le modèle économique pour la fabrication de quelque chose était la même (enfin le modèle startup, on ne parle pas des grandes entreprises avec une section R&D) :

 

  • 1. Une personne a une idée d’un produit
  • 2. Cette personne recherche un éditeur/patron/investisseurs privés
  • 3. Cette personne obtient de l’argent
  • 4. Le produit est fabriqué à grande échelle grâce à cet argent
  • 5. Le produit est vendu sur Internet ou dans des boutiques

 

Le recours à des investisseurs était donc inévitable. Si on n’était pas bon pour « vendre » son produit, ou qu’on le présentait mal, les chances de pouvoir le faire sortir des usines se réduisaient comme peau de chagrin. Ces investisseurs privés ayant un poids incommensurable dans la balance, même trop selon certains.

Puis est venu Kickstarter et son concept de financement participatif, permettant de se « débarasser » de ces investisseurs privés, puisque désormais ce sont les clients. Ainsi, un créateur peut mesurer l’enthousiasme du grand public pour son produit, être au plus près du consommateur et ainsi écouter ses suggestions et répondre à ses questions.

Ainsi, la liberté de création s’en est vue grandement améliorée car la réussite d’un produit ne dépend plus d’une poignée de magnats, mais des futurs acheteurs. C’est comme ça que le paysage économico-industriel s’en est retrouvé chamboulé (enfin à une petite échelle, mais quand même).
Avec le crowdfunding n’importe qui avec une bonne idée et un prototype peut s’auto-financer avec l’aide des internautes. Et ça, ce n’est pas rien.

Un autre aspect du crowdfunding que beaucoup de gens oublient : l’accès à tout le monde au luxe et aux produits premium. La définition du luxe a été grandement modifiée par Kickstarter. Maintenant le luxe ce n’est pas se payer des produits haut de gamme (suffit de voir le nombre de gens qui ont des Galaxy S7 ou des IPhones), mais c’est de se payer des produits difficilement trouvables. Et ça tombe bien, des produits durs à trouver Kickstarter en déborde (tellement durs à trouver qu’ils n’existent pas encore), et avec un rapport qualité/prix imbattable, les « pledges » offrant des ristournes plus que généreuses par rapport au prix commerce prévisionnel.

Le tout premier tournedisque magnétique, sur Kickstarter au moment de l'écriture de cet article. 800 dollars sur Kickstarter, 1500 à sa sortie dans le commerce.

 

Les limites du crowdfunding

Bien entendu, tout n’est pas beau dans le meilleur des mondes. Comme je l’ai dit précédemment, le crowdfunding est avant tout un pari de la part du consommateur, et il arrive qu’un projet financé prenne du retard, soit annulé, ou déçoive beaucoup.
Les exemples sont malheureusement nombreux, même si le jeu vidéo semble relativement peu épargné (mais on y reviendra) :

  • Coolest Cooler : la glacière du XXIème siècle, avec un mixer et des enceintes Bluetooth intégrés. Financé à plus de 13 millions de dollars, il reste la 2ème campagne la plus financée sur Kickstarter. Les créateurs n’ont pas pu tenir la cadence des commandes et a épuisé tout son budget, et a été obligé de vendre des exemplaires de son produit sur Amazon pour financer la production des suivants. A ce jour, beaucoup de « backers » n’ont pas encore reçu leur modèle. Inutile de dire que ça râle.
  • Torment : Tides of Numenera : RPG à l’ancienne développé par inXile, il a pris un retard monstre et la communication autour du titre est très floue. Mais bon, il arrive alors ça va.
  • Mighty No.9 : Megaman-like par le créateur de la franchise, il a été financé à plus de 3 millions de dollars. Dire que le résultat est décevant serait un euphémisme. Peu inspiré, mal fichu ET LES EFFETS DE PARTICULES C’EST JUSTE DES CARRÉS SERIEUX !!! Pardon, je me suis emporté. Donc oui, jeu indigne, plein de « backers » choqués et déçus, tout ça tout ça.
  • ZANO drones : des drones volants touts petits tous mignons, « backé » à 3.4 millions de dollars, ils étaient censés voler en essaim. En fait ils ne marchent pas et la compagnie qui les fabrique a déposé le bilan, laissant des milliers de « backers » sur le carreau.
  • Ant Simulator : un simulateur de fourmis, un des développeurs a claqué tout l’argent en cocaïne et en prostituées. Vraiment.
  • La OUYA : lol

Le Coolest Cooler, l'un des plus gros déboires de Kickstarter à ce jour.

Ce ne sont que quelques exemples parmi d’autres qui pointent les défaillances du crowdfunding. Les « backers » prennent visiblement un risque en donnant de l’argent, d’autant plus qu’ils n’ont aucune forme de protection ou d’assurance. Par ailleurs c’est clairement marqué sur le site: Kickstarter est juste une plateforme de financement, elle ne se porte pas garante de ce qui se passe après le financement, et aucun remboursement n’est possible. Certains diront que c’est symptomatique de l’ « Uberisation » de la société : tout va plus vite, tout est plus modulaire, mais tout se casse la gueule super facilement. De plus, les créateurs n’ont, d’un point de vue juridique, aucun compte à rendre aux « backers ». Ils peuvent très bien prendre l’argent et se la couler douce au Mexique, sans crainte.

La OUYA, échec commercial notoire

Alors si le consommateur est à ce point vulnérable, pourquoi est-ce que Kickstarter marche autant ? Déjà, le site demande un prototype fonctionnel au lancement de la campagne. Ensuite, les campagnes de financement sont très bien documentées en terme d’images et vidéos. Les créateurs donnent des « preuves » de leur bonne volonté, si bien que les « backers » sont très exigeants, ils ne donnent pas à tout va. Une campagne peu attrayante n’atteindra jamais son objectif de financement.

Mais au-delà de ça, il faut remarquer un pattern dans les échecs : la quasi-totalité des déceptions sur Kickstarter proviennent de campagnes à grand succès, financées à plus de 500% de l’objectif initial. C’est bien simple, les créateurs sont débordés par la demande. Ils doivent trouver d’autres usines à plus grande capacité, revoir tout leur planning, faire appel à un prestataire spécialisé pour l’envoi massif de colis (en cas de produit physique)… Difficile à faire quand on est une bande de potes avec seulement une idée géniale et un plan marketing. Alors le problème ne vient-il finalement pas de nous, les « backers » ? Vous pouvez vous forger votre propre opinion là-dessus. Personnellement, je ne blâme pas les gens qui « backent » un projet super cool qui a déjà 3 millions de dollars. Si l’idée est bien, beaucoup de gens voudront du produit final, c’est de la logique pure. Je pense simplement que, comme tout système, le crowdfunding est imparfait et il a ses failles.

Et justement, il y a quelques semaines, je suis tombé sur une campagne Kickstarter pour un livre en bois avec des puzzles dedans, le Codex Silenda. C’est cool mais on s’en fiche, me direz-vous. Alors oui en soi, l’idée est bien et tout, mais c’est le premier paragraphe de la description de la campagne qui a attiré mon attention. Ils étaient déjà à 200% de leur objectif financier, et ils ne pouvaient plus suivre avec leur atelier actuel. Du coup, ils ont bloqué toutes les « pledges », si bien qu’on ne pouvait plus commander de produit. Par cette action, les créateurs ont volontairement « arrêté » leur campagne et se sont affranchis des « backers ». Et c’est la première fois que ça arrivait sur Kickstarter.
Et je me suis dit : « et si c’était ça le futur du crowdfunding ?».

 

Le Codex Silenda

 

Parce qu’au fond, le crowdfunding n’a pas tellement changé le système habituel. A la place des quelques investisseurs privés, ce sont des milliers d’investisseurs publics qui peuvent écrire des tweets incendiaires sur vous. Quel que soit le domaine, c’est toujours celui qui a l’argent qui est supérieur, et c’est toujours déséquilibré. Il faut donc rétablir l’équilibre pour trouver véritablement la relation de confiance entre créateur et « backer » tant plébiscitée. Equilibre qu’on trouve parfaitement dans les petites campagnes.

 

Alors, que retenir ?

Malgré tout ce que je viens de dire, je pense que le crowdfunding est vraiment utile et possède d’énormes avantages. Les créateurs peuvent prendre plus de risques, et dans le cas des jeux vidéo, des petits développeurs peuvent se donner réellement les moyens d’aller au bout de leur projet et de pousser à fond leur concept.
Même si Kickstarter a connu des déboires, notamment Mighty No.9 qui a fortement affecté la confiance des gens dans le domaine du jeu vidéo (et aussi No Man’s Sky pour les jeux vidéo de SF ambitieux), sans ce site pas de Divinity Original Sin, pas d’Elite Dangerous, pas de Satellite Reign.
C’est aussi simple que ça.

Pour que ce système alternatif prospère, il faut que chacun l’utilise avec responsabilité (genre ne pas donner 2 millions pour une salade de pommes de terre, histoire vraie), et tout particulièrement les « backers ».

Avant de terminer, j’aimerais simplement vous montrer une campagne de financement que je trouve vraiment bien. Il s’agit un couch game vraiment sympa, assez prometteur et vraiment fun à jouer entre amis, avec une esthétique très 80s. Il s’appelle Repulse : galactic rivals, et surtout la campagne est pratiquement un exemple de ce qu’il faut faire :

 

  • Rassurer les potentiels « backers » avec un prototype « vertical slice », soit avec un niveau de finition proche du produit final mais avec peu de contenu. 
  • Bien décrire le jeu
  • Une esthétique uniforme et raccordée au jeu
  • La « pledge » principale coûte 5 euros, ce qui n’est vraiment pas cher et qui pousse les hésitants à sauter le pas.

 

 

Voici le lien vers la campagne.

Malheureusement, ils souffrent d’un gros manque de visibilité (c’est leur premier jeu) et pour l’instant ils ont 520 euros sur 5000, il leur reste 28 jours. Sachant que le gros des dons se font sur les 3 premiers jours, ils risquent d'échouer.
Donc si ça vous tente, foncez, et au pire essayez le prototype et faites tourner sur les réseaux sociaux.

Donc voilà, c’est vraiment la fin cette fois-ci. Merci de m’avoir lu jusqu’au bout, et n’hésitez pas à partager votre opinion dans les commentaires.
On se retrouve très bientôt pour un nouveau numéro des Réflexions vidéoludiques, d’ici là restez en forme.

 

Mr.Sleepy

Note des membres

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Commentaires (2)

author Titiboy 15/10/2016
11:04
Super article ! Merci Mr.Sleepy. Au plaisir de te voir cette année à la PGW ??? :)
author Mr.Sleepy 15/10/2016
15:55
Merci de ton retour Titiboy! Cette année je bosse au stand Bethesda, je m\'occupe des bornes The Elder Scrolls Legends. N\'hésite pas à passer :)